Rédiger une spécification fonctionnelle ou technique, ce n’est pas seulement remplir un document. C’est poser les fondations d’un produit réussi. Pourtant, même en 2025, certaines erreurs reviennent comme des bugs tenaces dans le processus de développement. Chez Mink, on lit pas mal de specs, et on voit (encore) les mêmes pièges. Voici notre retour d’expérience pour que vos projets IT ne démarrent pas avec un faux départ.
I. Comprendre les spécifications : définition, rôles et typologies
Définition rapide (mais claire)
Une spécification, c’est un document qui traduit les besoins en exigences. Elle peut être fonctionnelle (décrit ce que fait le système pour l’utilisateur) ou technique (décrit comment le système va le faire).
Spécification ≠ idée floue sur un post-it : c’est une feuille de route qui aligne toutes les parties prenantes, du métier au développeur.
Typologie des documents de specs
- Spécification fonctionnelle (SFG) : ce que le produit doit faire pour le client.
- Spécification technique (ST) : les choix techniques retenus pour satisfaire les exigences.
- Spécification des exigences logicielles (SRS) : modèle plus structuré (souvent utilisé avec les méthodes formelles ou dans l’embarqué).

II. Le processus de rédaction : étapes clés et responsabilités
Le bon moment pour rédiger ses specs
On voit trop souvent les équipes se lancer dans la conception logicielle sans cadre défini. Or, la spécification devrait marquer le début du processus. C’est une étape critique de la gestion de projet : elle précède les maquettes, le code, les tests.
Qui rédige quoi ?
- Le PO ou le métier exprime les besoins.
- Le tech lead ou l’analyst transforme ces besoins en contraintes techniques.
- Le développeur s’appuie sur ce socle pour coder, tester et livrer.
Utiliser une fiche RACI pour savoir qui fait quoi : un outil simple pour éviter la confusion dans les specs.
III. Le contenu type d’une spécification
Ce qu’on doit toujours inclure
- Objectif du produit
- Fonctionnalités à développer (avec niveau de priorité)
- Interfaces prévues (mobile, web, API…)
- Données utilisées (création, lecture, mise à jour, suppression)
- Contraintes techniques (sécurité, RGPD, performances, architecture…)
À ne pas oublier : le lien entre les exigences et les cas de tests (c’est ce qui permet une validation sérieuse du livrable).
IV. Les 5 erreurs classiques qu’on voit encore (et comment les éviter)
Ne pas partir d’une vision produit claire
Beaucoup de documents de spécification démarrent par une liste de fonctionnalités au lieu de décrire le besoin métier ou l’objectif final. Résultat : on spécifie une solution sans comprendre le problème.
Astuce Mink : commencez par la formulation du problème sous forme de user need. Puis déclinez les fonctionnalités.
Préciser les fonctions sans les données
On spécifie ce que l’utilisateur pourra faire, mais pas avec quelles données, ni selon quelle logique. On oublie le cycle de vie de l’information, la structure des objets métiers.
Incluez toujours une description des entités utilisées (avec attributs, relations, règles de gestion).
Se perdre dans le flou (et l’ambiguïté)
Formulations vagues du type : « l’application doit être rapide », « l’interface doit être ergonomique », « le service doit être haut niveau ».
Mais concrètement ? Quel temps de réponse ? Quelle résolution écran ? Quel standard d’accessibilité ? Quelle version du navigateur ?
Adoptez un langage clair, mesurable, testable. C’est le meilleur moyen pour éviter les retours en phase de validation.
Confondre besoin métier et solution technique
“Le client veut une appli en Flutter avec back Node.js et un composant d’upload en React.” — Ce genre de phrase arrive parfois dès la première réunion.
Mais… ce n’est pas un besoin. C’est une solution imposée. Le besoin pourrait être : “Permettre aux agents de terrain de déclarer une anomalie avec photo hors connexion.”
Pratique utile : séparer clairement les sections “expression de besoin” et “solution envisagée” dans le document.

Oublier les parcours utilisateurs (et leur diversité)
Le projet est pensé du point de vue technique… mais pas du point de vue de l’utilisateur.
Pas de persona, pas de scénario, pas de logique de navigation claire. Juste une suite de fonctionnalités à développer.
Inclure au moins un exemple de parcours utilisateur (même rapide), des cas d’usage, une interface utilisateur schématique.
Bonus Mink : faire valider le parcours par un membre de l’équipe qui n’est pas dans le projet. Effet “lecture froide” garanti.
V. La spec comme outil d’intelligence collective
La spécification n’est pas qu’un livrable. C’est un support de collaboration, un point de rencontre entre toutes les compétences du projet.
Elle permet de :
- Partager une vision commune
- Prioriser ensemble
- Réduire les aller-retours
- Satisfaire le client ET les utilisateurs finaux
Organisez un atelier de co-construction de specs avec tous les profils : développeurs, UX, PO, business, testeurs.
Conclusion
Rédiger une spécification, c’est créer une œuvre collaborative, utile à toute l’équipe projet. C’est mettre de l’ordre dans le chaos, structurer la conception d’un produit, clarifier la documentation, et donner un vrai cap à suivre.
Une spec, c’est un acte d’amour envers le futur du projet.
Ecrit par
Alyson Paya
Partager l'article :
Un site vitrine ? e-commerce ? une application ?